Révolution IA – ce que j’ai appris hier, ce que je questionne pour demain

03 Juil 2025
Mathilde

L’intelligence artificielle est partout. Elle s’invite dans nos métiers, nos usages quotidiens, nos imaginaires. Elle transforme déjà en profondeur notre façon de créer, de chercher, d’enseigner, d’informer – et même de douter. Mais cette révolution technologique soulève des questions profondes, parfois vertigineuses.

J’ai suivi en mai 2025 deux conférences dans le cadre du festival VivaIssy à Issy-les-Moulineaux. Maurine a quant à elle suivi le visio-débat : “L’IA dans le tourisme : entre mirages et mutations réelles” organisé par l’association Respire.

L’occasion de mettre en perspective mes propres usages – en tant que communicante, formatrice, et citoyenne – et de partager des interrogations.

J’avais commencé à m’initier à l’IA dès 2023, via une session très riche au CFPJ sur l’IA au service de la création de contenu (que je vous recommande vivement). Mais cette année, ce n’est pas tant de technique dont il a été question. C’est de démocratie. De sens. De responsabilité.

L’IA : outil neutre ou arme d’influence ?

Lors de la conférence « L’IA peut-elle aider à lutter contre la désinformation ? » au Press Club de France, le journaliste Thomas Huchon n’a pas mâché ses mots :

« Dans quelques années, on regardera les créateurs des GAFA comme les colonisateurs des Indiens d’Amérique. Nous sommes confrontés à un danger et à un mépris que nous ne pouvons plus tolérer. »

Il ne s’agit pas de jouer à se faire peur. Mais de constater que l’IA, combinée à la puissance de diffusion des plateformes, peut manipuler, biaiser, amplifier la désinformation, à grande échelle. On parle de fake news, mais ce terme est trompeur. Ce ne sont pas seulement de « fausses informations », mais des contenus produits avec l’intention de nuire. De provoquer la confusion, l’inaction ou la haine.

Face à cela, plusieurs pistes :

  • Former à la vérification, « vacciner » les esprits – comme le suggérait Delphine Sabbatier, journaliste chez Bsmartà reconnaître les mécanismes de manipulation.
  • Exiger plus de transparence des plateformes : un « score d’artificialité », un droit de savoir si une information est générée.
  • Se doter d’un minimum de compétences journalistiques, notamment en termes de vérification des faits et des sources, lorsque l’on crée du contenu. Un enjeu abordé dans le programme Born social mené par notre client Le Cube, centre de création et de formation au numérique.

L’IA Act européen va dans ce sens, en classant certains usages comme à haut risque, notamment dans le cadre des campagnes électorales. Mais il reste beaucoup à faire. Notamment dans l’éducation.

« L’IA rend tout accessible, pour le meilleur comme pour le pire. »

GénIA : comment apprendre à penser dans un monde automatisé ?

Lors de la conférence « Les plateformes médias et l’IA » chez Canal+, Thomas Follin, Chief Global Transformation Officer du groupe de média, nous a parlé de la « GénAI » : cette génération qui a grandi avec l’IA générative « comme réflexe ». Aujourd’hui, 1 Américain sur 4 utiliserait une IA à la place d’un moteur de recherche. Et chez nos étudiants en France ? Probablement plus qu’on ne le croit.

Comment, dans ce contexte, transmettre l’esprit critique ? Comment donner le goût de la recherche, du travail, du temps long ?
Comment leur apprendre à penser par eux-mêmes, contre eux-mêmes, à douter, à croiser les sources, à gérer la frustration d’un raisonnement complexe ?
Comment les aider à rester attentifs, concentrés, patients, dans un monde de réponses instantanées et uniformisées ?

Cela passera par une transformation de l’enseignement, pas une interdiction de l’IA.
Il faut que les étudiants comprennent ce qu’est une IA, comment elle fonctionne, ses opportunités mais aussi ses risques et limites. Et qu’ils sachent l’utiliser en complément, pas en remplacement.

En agence : l’IA oui, mais avec vigilance

Chez RP Digital, notre agence de relations presse et de communication digitale, nous utilisons déjà l’IA, principalement pour résumer, reformuler et mettre en forme des idées (comme ici pour cet article). Des tâches à faible valeur ajoutée, qui nous font gagner du temps.

Comment aller plus loin sans nous perdre ? Plusieurs questions ont été posées lors des événements de mai :

  • Où sont les pockets of value (poches de valeur) ?
  • Comment garder l’humain au centre ? Ne pas tout lisser. Ne pas perdre la créativité, la singularité de ton ou encore la vision stratégique.
  • Et puis : comment concilier IA et sobriété ? Les data centers, l’entraînement des modèles, la consommation énergétique… N’oublions pas que l’IA n’est pas immatérielle !

Enfin, il y a la responsabilité. De ce que nous produisons, mais aussi de ce que nous diffusons. La transparence est essentielle : dire quand un contenu est généré, croiser les regards, éviter la désinformation (même involontaire).

IA et tourisme : des opportunités, des équilibres à préserver

Dans le tourisme, les applications sont nombreuses. Maurine en a relevé quelques-unes :

  • Accessibilité des données (Apidae, Data Tourisme…)
  • Meilleure communication pour les petits acteurs
  • Chatbots pour accompagner les visiteurs en plusieurs langues
  • Données environnementales pour piloter les flux (ex : ilots de chaleur, artificialisation des sols…)

Mais là aussi, vigilance :

  • L’IA doit accompagner le slow tourisme, pas le détourner.
  • Elle doit faciliter sans déshumaniser.
  • Elle ne doit pas créer des territoires « optimisés », lissés, vidés de leur complexité.

Et maintenant ? Une charte IA chez RP Digital

Parce que ces enjeux nous concernent tous, nous avons décidé d’encadrer et de formaliser nos pratiques.
Chez RP Digital, nous allons travailler sur une charte IA :

  • Pour former nos équipes
  • Pour accompagner nos clients et partenaires
  • Pour être à la page, sans perdre le cap

Nous croyons que la transparence, la pédagogie et la vigilance sont les clés, et nous serions heureux d’en discuter avec d’autres pros de la com, du tourisme ou de l’enseignement.

Pour aller plus loin, des livres et des outils :

  • La désinformation – tout ce que vous n’avez jamais voulu savoir, Thomas Huchon
  • L’âge du capitalisme de surveillance, Shoshana Zuboff
  • Lucie.chat : IA française open source
  • Perplexity AI : IA qui cite ses sources
  • Viginum : service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères (VIGINUM)
  • Cercle Pégase (Sopra Steria) : think tank dédié à la lutte informationnelle

Et vous, comment vous vous formez à l’IA ?
Quels outils IA utilisez-vous ?
Quels sont vos points de vigilance dans vos métiers ?

Mathilde Mignon


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Image de couverture réalisée avec l’aide de l’IA